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L’EFFET PYGMALION ou PROPHETIE CREATRICE



"Ho lui, c’est une graine de délinquant !"       "Celui-là, il ira loin !"       "Un vrai petit génie !"       "Quel idiot !"

Et si vos paroles avaient un pouvoir, et si la façon dont vous parlez de quelqu’un pouvait influencer son comportement. Et si vos PROPHETIES étaient CREATRICES.


LE MYTHE DE PYGMALION (Ovide)

      D’après le mythe d’Ovide, le personnage de Pygmalion incarnait un misogyne endurci persuadé que les femmes avaient tous les vices. Célibataire et sculpteur de son métier, il taille dans le plus beau marbre blanc une statue de la femme qu’il juge parfaite. Son œuvre est une telle réussite qu’il tombe amoureux de sa statue et commence à agir avec elle comme avec une vraie femme. Il supplie alors les dieux de lui accorder une femme comme celle-la. Son souhait est exaucé puisque sous ses caresses, la statue prend vie.

      Résumons : Pygmalion agit avec sa statue comme avec une femme et la statue devient femme.
      Maintenant essayons d'imaginer le même phénomène de nos jours et de l'appliquer aux enfants : si l'on agit avec un enfant comme s’il était surdoué, le deviendra-t-il ?


LA RECHERCHE DE ROSENTHAL ET JACOBSON :

      En 1968, ces deux chercheurs publient un livre intitulé : "Pygmalion à l’école" relatant leur recherche la plus percutante.

SURDOUE
      L’expérience se passe dans une école. Pour le maître, il s’agit d’inaugurer un nouveau test psychologique permettant de prédire si les enfants sont à la veille de progrès rapide. En réalité, c'est par tirage au sort que 20% des élèves sont désignés comme "élèves miracles". On informe uniquement les professeurs des pseudos résultats, et des soi-disant capacités exceptionnelles de ces élèves.

      Lorsque 8 mois plus tard Rosenthal et Jacobson reviennent dans l'école, ils constatent un démarrage scolaire réel des élèves qui avaient été désignés comme exceptionnels, démarrage confirmé par une augmentation très significative de leur QI par rapport à leurs camarades restés dans l’ombre.


Explications

      Le jugement prédéterminé du maître agit de façon déterminante sur son comportement vis-à-vis de l’élève, par un effet de stimulation ou d’inhibition de ses progrès dans l’apprentissage. C’est ce que Rosenthal et Jacobson ont appelé : effet Pygmalion.
      Le climat émotionnel différent crée par les professeurs envers les enfants dit doués, notamment en leur proposant plus de matières et de difficultés, plus d’encouragements et de patience, une correction des travaux plus précise et constante, a conduit les enfants à réaliser de véritables performances, et le tout sans que les professeurs ne se rendent compte qu'ils les traitaient différemment.


Et si on allait plus loin :

BONNET D'ANE
Cela marche si l'on catalogue des enfants comme "petits génies". Mais, si on les traitait de bons à rien pour voir ?

      Pour des raisons déontologique évidente, Il n’y a pas d’expériences qui ont été réalisées dans l’autre sens, trop risqué, imaginez si ça marche ! On peut par contre faire quelques suppositions à partir d’autres expériences visant à étudier le comportement en cas d’à priori :

      - On s'est rendu compte que pas mal de délinquants étaient des gamins que l’on traitait de bons à rien.
      - Dans un autre domaine : si nous espérons rencontrer une personne agréable, notre façon de la traiter peut la rendre plus agréable. à l'inverse, si nous pensons rencontrer une personne désagréable, nous l’aborderons sur la défensive, ce qui la rendra désagréable.
      - Nous n’aimons pas avoir tort : Carlsmith et Aronson (1963) : si un sujet s’attend à avoir un plat amer alors qu’il est sucré, le sucré lui paraîtra moins sucré. Inversement s’il attend du sucré, l’amer lui paraîtra pire.



Alors, peut-on traiter innocemment quelqu’un de bon à rien ?
A vous de voir…



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