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Utopsy, c'est la rubrique "opinions" du site. Elle est constituée de textes, écrits par des membres de la psychobranche, des internautes ou quiconque le souhaiterait. L'auteur y exprime ses idées sur un thème particulier, rattaché à la psychologie ou une discipline associée. Ces textes ne sont donc que le reflet de sa propre opinion.
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Comment concilier biologie et psychologie ? Pendant que certains expliquent les troubles mentaux par des désordres neuronaux, les autres parlent de dysfonctionnement dans les relations précoces, d'événement de vie traumatiques, d'environnement morbide etc. Cette opposition théorique semble davantage écarter ces deux courants qu'elle ne les rapproche : évolution logique d'une science (celle de la connaissance de l'homme en général) qui se construit peu à peu, et dont les courants doivent d'abord diverger pour explorer leurs aspects le plus profondément possible, avant de se rapprocher enfin et de développer des théories multifactorielles et interactionnistes.
La question est : où en est-on aujourd'hui ? Les psychologues et les biologistes se partagent-ils les territoires ("autisme pour toi, névrose pour moi") ou l'évolution est-elle plus profonde et va-t-on voire progressivement de nouvelles théories apparaître, une réelle interaction et une action commune au service des malades se développer ? Plus précisément la question semble être : a-t-on déjà franchi le pas, ou sommes-nous en train de le faire ?
Dans un grand nombre de maladies psychiatriques, faute de véritable guérison, on ne peut en réalité que lutter contre les symptômes, à l'aide de médicaments agissant sur un type précis de symptômes. Face à cela, on peut considérer que nos connaissances, en neurobiologie notamment, ne sont pas suffisantes. On peut aussi s'interroger sur les origines des maladies et reconnaître qu'elles ne sont pas uniquement dues à des dysfonctionnements neurobiologiques, mais sans doute à une multitude de facteurs. Cela revient à s'interroger sur le rapport "cause-conséquence" : une zone activée dans le cerveau alors qu'un patient délire est-elle la cause (unique) ou la conséquence de la maladie ? Et si l'on s'éloigne un peu d'une vision purement biologique, alors on peut s'interroger sur le rapport "psychologie-biologie" dans la maladie.
La schizophrénie est une maladie psychiatrique très courante, que tout le monde s'accorde aujourd'hui à reconnaître comme d'origine multifactorielle. Une théorie assez récente consiste à dire que la maladie n'est pas la schizophrénie elle-même, mais la fragilité qui prédispose à la schizophrénie. Ainsi, lors d'un premier épisode, on pourrait traiter les symptômes et entraîner leur régression, mais la fragilité, elle, tendrait à faire rechuter la personne. Il conviendrait donc de s'intéresser tout particulièrement à cette fragilité, et pas uniquement aux symptômes (qui eux, dans la plupart des cas sont largement améliorables par voie chimique). On comprend bien alors quel rôle important la psychologie pourrait tenir dans le travail contre cette fragilité. Ainsi, le traitement de la schizophrénie pourrait être une véritable combinaison d'approches, biologiques et psychologiques, dans une perspective plus profonde que ce qui est fait actuellement.
Si cette possibilité existe pour la schizophrénie, on sait également que la meilleure prise en charge d'enfants autiste se fait non pas médicalement, mais plutôt à l'aide de programmes éducatifs spécialisés (voir "la recherche" – mars 2004) bien que les découvertes actuelles tendent de plus en plus à montrer que l'origine de l'autisme est biologique ou génétique. Cette approche est-elle généralisable aux autres maladies ?
Espérons que la tentation du "tout biologique" est aujourd'hui dépassée ou ne tardera pas à l'être, que le psychiatre du futur ne ressemblera pas à une machine à café, sur laquelle on vient tapoter pour obtenir notre traitement. Espérons qu'une nouvelle voie s'ouvre dans la prise en charge des personnes en souffrance, et que notre seule réponse pour elles ne sera pas "nous devrions trouver bientôt quelle zone cérébrale correspond à vos troubles, et nous ne tarderons pas ensuite à trouver la substance chimique qu'il vous faut".