INTRODUCTION
DEROULEMENT DE L'EXPERIENCE :
Distribution des rôles…
De façon tout à fait claire pour les sujets, les rôles sont distribués aléatoirement : 12 sujets seront prisonniers, 12 seront gardiens. 9 gardiens et 9 prisonniers participent à l'expérience, les 6 sujets restants seront appelés "en cas de besoin".
Les gardiens, eux, n'ont pas reçus d'entraînement spécial sur la manière de surveiller une prison, de maintenir l'ordre etc. (Ils sont néanmoins informés du sérieux de leur rôle, mais aussi des "dangers" liés à la situation). Ce qu'ils reçoivent en revanche c'est un uniforme kaki, des lampes de poches, des lunettes de soleil, un sifflet, une matraque de police, et bien-sûr : l'autorité sur les prisonniers !
Premier jour...
La journée se passe calmement.
Deuxième jour…
Au matin, les prisonniers se révoltent : ils ôtent leur casquette, leur numéro d'identification et se barricadent dans leurs cellules, utilisant leur lit pour bloquer les grilles.
Les gardiens interviennent : ils utilisent des extincteurs pour écarter les prisonniers des portes, font irruptions dans chacune des cellules, sortent les lits, déshabillent les prisonniers et isolent le meneur de la révolte. Les intimidations commencent.
Les gardiens offrent aux trois prisonniers qui n'avaient pas pris part à la révoltent des privilèges. Ils récupèrent leur uniforme, on les autorise à se brosser les dents et les cheveux, ils sont autorisés à manger devant les autres prisonniers, privés, eux, de nourriture.
Après une demi journée, les trois "prisonniers privilégiés" sont replacés dans une cellule normale, et trois autres prennent leur place dans "la cellule des privilégiés". La surprise passé, les trois prisonniers qui n'avaient pas pris part à la rébellion sont considérés par les autres comme des informateurs. L'union des prisonniers est rompus, et celle des gardes renforcée.
Résumé des jours suivants…
Tout s'accélère : le droit d'aller aux toilettes devient un privilège, les prisonniers doivent faire dans un seau laissé dans leur cellule, et ne reçoivent pas toujours l'autorisation de vider ce seau.
Un prisonnier craque, on le retire la prison… une rumeur de tentative d'évasion fait son apparition : l'ex-prisonnier va revenir avec des amis pour libérer les prisonniers. Zimbardo lui même cherche un moyen de sauver son expérience, va jusqu'à contacter la Police pour leur demander l'autorisation de transférer ses prisonniers dans l'ancienne prison, ce qui lui est refusé et le met en colère (il avoue s'être lui-même pris au jeu).
L'évasion se révèle n'être qu'une rumeur, les gardiens reprennent leur travail de soumission : les prisonniers sont forcés à faire des pompes, à nettoyer les toilettes, parfois à mains nues, en réalité, ils font faire aux prisonniers tout ce qui leur passe par la tête.
Un second prisonnier craque, et tandis que Zimbardo s'occupe de lui, les autres prisonniers sont alignés et ont leur fait répéter en chœur : ""Prisoner #819 is a bad prisoner. Because of what Prisoner #819 did, my cell is a mess, Mr. Correctional Officer" une douzaine de fois. Le prisonnier 819, ayant entendu cela, refuse désormais de quitter, la prison. Il veux prouver aux autres qu'il n'est pas un mauvais prisonnier.
RESULTATS
Après "seulement" 6 jours, Zimbardo met fin à l'expérience, pour 2 raisons :
1 – il a remarqué que les gardiens profite du milieu de la nuit pour maltraiter encore plus les prisonniers, parce qu'ils pensent que personne ne les surveille à cette heure. L'escalade de violence et de dégradation prend alors une ampleur effrayante.
2 – Christina Maslach, chargée d'interviewer les gardiens et les prisonniers s'insurge sur les conditions dans lesquelles ils sont retenus. Il semble que cette objection (elle était la première, malgré que 50 personnes aient vu la prison) a permis à Zimbardo de prendre conscience du poids de la situation et il de la nécessité de mettre fin à l'expérience.
Quant aux sujets :
1 - les gardiens qui respectaient les règles de la prison.
2 - les "bons gardiens", qui faisaient quelques petites faveurs
3 - les "mauvais gardiens", un tiers environ, qui é taient durs, cruels, et très inventifs quand il s'agissait de trouver des manières d'humilier les prisonniers. Ceux-là semblaient particulièrement aimer le pouvoir qu'ils avaient.
Remarques :
Même si l'on peut supposer qu'un meilleur contrôle aurait permis d'éviter une telle dérive, les résultats n'en restent pas moins effrayants.Précisons également que ce genre d'expérience ne serait plus autorisée aujourd'hui (bien heureusement). Il existe aujourd'hui un code de déontologie, qui permet d'éviter tout abus et donne un cadre éthique aux recherches. Il n'est plus question aujourd'hui de prendre de tels risques avec la santé mentale, l'intégrité physique etc. des participants… ne partez donc pas en courant si un pauvre étudiant en Psychologie vient vous proposer de participer à une expérience !
Pour plus d'informations :
http://www.zimbardo.com le site internet de P.G Zimbardo. Vous y retrouverez toute l'expérience, avec des photos, des vidéos et des commentaires détaillés.
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